« Souvent quand on arrête la substance, on se rend compte que la dépression disparaît »

Par : Vik
Il y a plus d’un an
Qu’est-ce qu’une addiction exactement ? Comment savoir que l’on en souffre ?
L’addiction est la perte de contrôle d’un comportement, l’incapacité d’arrêter malgré les conséquences négatives.
Cela peut être par exemple l’envie irréversible de consommer une substance, « ne pas pouvoir s’en empêcher » même si cela provoque des problèmes au quotidien.
Quel est le lien entre dépression et addiction ?
Le lien est très fort. La tristesse « pathologique » de la dépression va nous rendre vulnérables. Cela va engendrer des troubles du sommeil, de l’appétit. On va être enclin à chercher l’automédication. Et nous sommes dans une société où l’alcool, les substances sont encouragées. On le voit bien dans les films américains quand le personnage est triste ou subit une épreuve, il se sert un verre, il allume une cigarette. On va avoir tendance à chercher à se « calmer » de cette façon ou avec d’autres substances. Il est presque culturel de calmer ainsi ses angoisses. C’est là que le danger apparaît. Comme on est vulnérable à cause de la dépression, on va être enclin à calmer ses angoisses avec des substances, mais comme celles-ci sont addictogènes, on entre dans un cercle vicieux et on se retrouve non pas avec une maladie mais avec deux : la dépression et l’addiction.
L’alcool et le cannabis par exemple sont des produits dépressogènes en consommation régulière. Au début, les produits vont détendre, calmer, mais petit à petit ils vont rendre tristes et entraîner une perte d’énergie. Consommée régulièrement, la substance va créer une forme de dépression, alors comme on se sent mal, on va en reprendre pour ressentir le même effet qu’au début alors qu’en réalité on replonge dans le cercle vicieux.
Une fois qu’on a ces deux troubles, on ne sait plus ce qu’il faut faire !
Dans ces cas-là le premier réflexe est d’arrêter les substances et de voir comment le corps réagit. Dans de nombreux cas, la dépression disparaît ou on s’aperçoit qu’elle n’en était pas une ! Dans d’autres il y a une authentique dépression qu’il faut traiter.
Quels sont les facteurs qui vont faire qu’on peut tomber dans une addiction ?
Il existe plusieurs facteurs. Plus on a de facteurs, plus les risques et la gravité de l’addiction sont importants.
- Le premier est biologique. Certaines personnes ont tendance à rechercher des sensations fortes.
- Le second est personnel : avoir un trouble psychiatrique par exemple est un facteur de risque important comme on l’a vu plus haut. Je suis triste, anxieux, stressé, je me calme avec de l’alcool, du cannabis ou autre. 60% des bipolaires ont une addiction. Une personne qui vit avec un trouble de l’humeur sur deux.
- Ensuite, il y a le facteur lié au produit lui-même. Le tabac est le plus addictogène avec l’héroïne et la cocaïne.
- Plus on va commencer tôt à consommer, plus on va avoir des expériences de « défonce » ou de « poly consommation », le fait de prendre plusieurs substances en même temps, plus on prend le risque d’addiction.
- Enfin, l’environnement joue un rôle, les amis, les gens qui nous entourent. Si l’on est dans un environnement sportif par exemple où l’effort est reconnu et apprécié ce n’est pas pareil que si on est dans un environnement où les facteurs de vulnérabilités sont importants comme dans les grandes écoles où les soirées d’intégration mettent en avant l’alcool, les substances... Le problème c’est que dans notre société on cultive une bonne image de l’abus : c’est associé à la fête.
Il faut souligner que ceux qui consomment ne sont pas tous à risque de devenir accros, mais cela augmente les chances.
Comment savoir si on est en addiction ? S’il faut faire attention si on est un proche ?
Il y trois questions à se poser :
1) A partir de quand ma consommation est un problème ?
Par exemple, quand je consomme j’ai des problèmes : je ne me concentre pas, je ne travaille pas, je suis triste, je me dispute avec mon conjoint, j’ai du mal à me réveiller...
2) Comment je consomme : de façon massive ? pour me soigner ? Par exemple, je consomme pour mieux vivre ma timidité, mon anxiété, mon stress...
3) Combien je consomme ?
Le cannabis : c’est vrai que fumer de façon occasionnelle (une fois par mois) n'entraîne pas la mort mais le problème ce sont les effets psychoactifs.
Comment aider quelqu’un à se sortir d’une addiction ?
Il faut déjà que les proches n’hésitent pas en parler ! Ne rien dire c’est accepter. Il faut aussi essayer de comprendre que l’addiction est une maladie. Ce n’est pas une question d’être fort ou de ne pas l’être. En parler n’est pas dangereux au contraire ça va aider. C’est faux de dire qu’on n’a pas forcé les gens à consommer, on est dans une société qui encourage la consommation et tout le monde n’a pas la capacité de résister, certaines personnes ont des vulnérabilités.
Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Si vous pensez avoir une addiction, s’entourer est important, connaitre le système de soin aussi. Le médecin de famille est formé pour repérer, dépister et accompagner les patients et prescrire des substituts addictifs.
Les CSAPA, centres de soin, d’accompagnement et de prévention aux addictions sont des centres d’accueil accessibles à tous, gratuits et anonymes. Des psychiatres addictologues sont aussi disponibles dans des cliniques. Mon message aux patients : pas de jugement, venez comme vous êtes !
Tous les articles
Les associations de patients : Informations, accompagnement et partage.

Lorsque nous sommes confrontés à la maladie, nous pouvons ressentir de la solitude et avoir besoin d'un soutien émotionnel et pratique. Les associations de patients sont là pour nous guider, nous informer et nous accompagner dans cette période. Mais, qu'est-ce qu'une association de patients exactement ? Pourquoi est-il utile d'en faire partie ? Comment trouver celle qui correspond le mieux à notre situation ?
Qu'est-ce qu'une maladie chronique?

Vous vivez avec une maladie chronique et vous souhaitez avoir plus d’informations sur le sujet ? Ne cherchez plus, cet article vous propose une explication claire des maladies chroniques, ainsi que des facteurs qui peuvent en être à l'origine.
Méditation : L'effet Pygmalion

L'effet Pygmalion, nous donne le pouvoir de renforcer les comportements positifs chez nous-mêmes comme chez les autres. Découvre dans cette méditation de Giacomo Di Falco, psychologue, comment appréhender ce phénomène !
Quand les préjugés racistes abiment la santé

Les préjugés racistes peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé des patients racisés, à la peau noire...Dans ce nouvel article, découvre l'impact de ses préjugés sur le quotidien des patients.
Te rendre heureux est un devoir !

"Tu es toujours aux commandes de ta vie, de tes décisions et non des événements. Cela signifie que c'est toi qui en es responsable et que tu peux cesser à tout moment de te victimiser." Dans cet article, Giacomo Di Falco t'explique pourquoi te rendre heureux est un devoir !
Comment réussir à maintenir une activité physique adaptée avec la maladie ?

Je m’appelle Eléonore, et j’ai eu un cancer gynécologique qui m’a laissé des séquelles à une jambe, et la pratique d’une activité sportive régulière m’a beaucoup aidée. J’ai eu aussi la chance de devenir Patiente Experte et d’accompagner d’autres patients ; c’est pourquoi aujourd’hui je vais t’aider à choisir une activité physique adaptée à ta maladie.