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Comment mes enfants m’ont sauvée de mes cancers

PORTRAIT
Vik Poumon aux côtés des patients

Par : Vik

Il y a 10 mois

“À 33 ans, mère de deux enfants, je pratiquais régulièrement l’autopalpation, sous la douche. Un jour, j’ai ressenti une petite boule dans le sein. ça aurait pu être en lien avec les cycles féminins ? J’ai eu un doute alors je suis allée voir le médecin. J'étais particulièrement angoissée car au même moment on avait trouvé des ganglions gonflés à mon fils de 4 ans. Le médecin ne s’est pas inquiété et a tenté de me rassurer : “Vous allez voir des signes de la maladie partout”. Mais j’ai insisté pour vérifier : après une échographie pour visualiser cette petite boule et une biopsie pour l’analyser, le couperet tombe.  

Le 5 janvier 1998, alors que mon fils vient de se faire diagnostiquer une leucémie à 10h30, j’apprends que j’ai un cancer du sein, il est 14h. 

À cette double annonce, je me suis dit : je ne peux pas baisser les bras, je dois me battre pour mon fils. Il faut se battre. Je ne dois pas m’arrêter sur ce qu’on m’a dit, il faut aller au-delà… Trouver cette force en moi, me battre pour protéger mes enfants et mon mari. Je n’ai pas le droit de baisser les bras, il faut y aller.  

Mon fils et son diagnostic m’ont sauvée 

J’ai commencé par avoir une chirurgie pour enlever le nodule (la tumeur) et les ganglions axillaires (des petits organes qui servent de filtre à germes dans l’aisselle du bras gauche) qui auraient pu relayer des cellules cancéreuses. Ensuite, j’ai eu de la radiothérapie, ce traitement est difficile à supporter car j’ai été marquée physiquement et moralement. On se sent comme un morceau de viande, les 25 séances de 15 minutes m’ont parues une éternité.  

Jusqu'à aujourd'hui, mon bras est constamment gonflé car la lymphe est mal évacuée (liquide biologique qui contient certains déchets du corps humain), je dois éviter la moindre blessure au bras gauche sinon mon lymphœdème (enflure du bras) peut empirer, s’infecter et je peux être hospitalisée. Je dois également éviter les sports violents, de couper mes ongles trop courts ou même de toucher une rose épineuse…  

La radiothérapie m’a laissé une petite partie du poumon et de l'œsophage brûlée, ce qui fait que je vais avoir beaucoup plus de mal à me remettre d’une bronchite, qui provoque parfois une gêne, des toux, des nausées… Je me rends bien compte que j’ai eu de la chance, mais régulièrement j’ai des rappels des conséquences de ce cancer. 

Ensuite, j’ai voulu reprendre les études d'infirmière et ma vie. J’ai surveillé mon fils qui était toujours en traitement pour sa leucémie. Heureusement, nous nous en sommes sortis tous les deux.  

J’ai obtenu mon diplôme d’infirmière et j’ai refait ma vie après un divorce. J’avais 44 ans et l’envie d'un troisième enfant.  

C'est en allant voir mon gynécologue pour ce désir d'enfant que le médecin m'annonce un nouveau cancer, du col de l'utérus cette fois. Encore un couperet. J’étais tellement en colère, ça ne pouvait pas s’arrêter comme ça. J’ai vécu la suite logique : le déni, le rejet, les larmes… mais je n’avais pas le choix, j’ai relevé les manches une fois de plus.  

Après un curetage du col de l’utérus, le cancer avait disparu en 3 semaines, et moins d’un an plus tard j’avais ma fille, à 44 ans.  

Une fois de plus, un enfant me sauve la vie

J’ai eu ma fille, et ma petite vengeance sur la vie. En plus, j’ai pu l’allaiter autant que possible, contrairement à mes deux garçons où l’allaitement était impossible pour le premier, et écourté pour le second.  

Aujourd’hui, je suis suivie tous les ans et je vais bien. Mon fils est définitivement guéri de sa leucémie, il est devenu un homme en bonne santé.  

Je dois encore faire attention à mon bras gauche mais j’ai appris à vivre avec. En tout cas, au cœur de la tempête, le plus important est de ne jamais rester seule. Il faut puiser de l'énergie dans la famille et les amis. Il faut s’informer pour être plus fort, et relever les manches : c’est un combat qu’on peut gagner. Regarder droit devant soi et se dire qu’on retrouvera le soleil.  

Après ces épreuves, on vit pleinement, on profite de chaque instant. Chaque personne a sa souffrance, je garde la mienne en moi. Elle m’a rendue meilleure dans l’écoute de mes patients, dans mon rôle de maman et en tant que femme tout simplement. J’ai trouvé ma force et je tente de la transmettre aux gens qui m’entourent. Si je vois quelqu’un que je peux aider, je ne peux pas rester en retrait, je vais faire mon possible pour motiver et encourager.  

Je pense aux personnes qui traversent ce genre d’épreuve aujourd’hui. Quand on cherche de l’information, que les nuits sont longues, on trouve de tout sur internet et on aimerait trouver un appui, une app comme Vik.  

À l’avenir, j’ai envie de continuer à bouger, rester en mouvement. Je veux voyager, déménager. Je compte reprendre les interventions à l’école d’infirmière, partager mon expérience sous forme d’ateliers pour aider les futurs soignants et sensibiliser à l’approche patient.” 

Fabienne a 57 ans et elle est maman de trois enfants. Elle a vaincu deux cancers et nous partage son témoignage pour aider d’autres patients.  

Pour plus d'informations et de témoignages pour mieux vivre en tant que patient ou proche, télécharge le Vik correspondant à ta maladie :  

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