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3 questions à Julie, créatrice des Franjynes 

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Vik Sein aux côtés des patients

Par : Vik

Il y a 11 mois

Rencontre avec Julie, 35 ans fondatrice des Franjynes, une entreprise française qui propose des alternatives aux perruques, le tout entièrement pris en charge par la sécurité sociale. Julie a été diagnostiquée d’un cancer du sein stade III à l’âge de 27 ans. Aujourd’hui guérie, elle nous raconte son histoire du diagnostic à la création de son entreprise et à l’arrivée de sa fille ! 

1. Bonjour Julie, peux-tu te présenter à notre communauté et nous parler de ton parcours dans la maladie ? 

Je m’appelle Julie Meunier, j’ai 35 ans et je suis une ancienne patiente. Il y a 7 ans j’ai eu un cancer du sein très agressif qui m’a valu 18 mois de traitements avec 24 séances de chimiothérapie, deux opérations, 40 séances de radiothérapie et 5 ans d'hormonothérapie. Aujourd’hui je suis considérée comme guérie car ça fait plus de cinq ans que je suis en rémission. C’est un essai clinique qui m’a sauvé la vie, il s’appelait BERENICE. Les traitements étaient longs et difficiles mais aujourd’hui ça me permet d’être encore là, devant vous. Je vais bien, je suis guérie et j’ai même réussi à avoir un bébé ! Pourtant les médecins m'avaient annoncé que j’avais autant de chance de tomber enceinte que de gagner au loto. Comme quoi, la médecine réserve encore de belles surprises. Il existe encore des petits miracles, ça donne de l’espoir ! 

2. Alors les Franjynes, c’est quoi exactement ? Comment t'est venue l’idée ? 

Pendant ces 18 mois de traitements, je suis restée complètement chauve. Quand on perd ses cheveux, ses cils, ses sourcils… jamais dans sa vie on ne s’imagine se voir comme ça. C’est quelque chose de très difficile à accepter. Au-delà de perdre sa féminité, c’est son identité que l’on perd. 

 Avec la chute de mes cheveux, cils et sourcils, j’ai trouvé qu’il n’y avait plus de distinction entre homme et femme, jeune et personne âgée… on se ressemble tous, sans nos poils. 

 Il faut savoir qu’une perruque se coiffe sur un porte-perruque et on a l’impression de coiffer une poupée. La sensation de me coiffer me manquait et je ne supportais pas la perruque, alors je me suis créé une frange sur laquelle j’ai posé un turban. J’ai retrouvé la sensation presque “thérapeutique” de me coiffer. J’ai reçu de nombreux compliments, les gens ne se doutaient pas que j’étais chauve et donc j’ai décidé d’en créer pour les autres personnes qui en auraient besoin. Je venais de créer la première Franjyne.  

J’ai fondé les Franjynes, une alternative à la perruque pour les femmes, les petites filles, les hommes et les petits garçons qui ont perdu tous leurs cheveux, à cause de traitement de chimiothérapie, d’alopécie ou de pelade.  

Ce sont des franges qui tiennent sur une tête sans cheveux grâce à un système breveté, par-dessus lesquelles on vient mettre un bonnet ou un turban. Chez les Franjynes, on fait des franges pour le front, mais aussi pour l’arrière de la tête pour les personnes qui ne reconnaissent pas avec le modèle frontal. Nous avons des franges longues et semi-longues.  

Nous voulons que tout le monde puisse se reconnaître grâce aux Franjynes. Nous travaillons avec des matières qui sont thermorégulantes et anti-UV, certains de nos produits sont même antibactériens pour aller dans les chambres stériles si besoin. On a voulu qu’ils soient accessibles à tout le monde car être malade c’est connaître une perte de revenus et souvent être dans la précarité, c’est pourquoi le prix est ajusté au plus bas et que nos produits sont remboursés par la sécurité sociale. 

3. Quel message veux-tu faire passer aujourd’hui ? 

L’être humain, s’il en est là aujourd’hui, en haut de la chaîne alimentaire en 2022, c’est qu’il a une capacité qui est en chacun de nous, une capacité d’adaptation ! On est capable de s’adapter au pire des situations, et il faut en être conscient. Quand on voit des gens connaître des épreuves, vu de l’extérieur on peut se dire “moi à sa place, je n’y arriverais pas…”. Mais il ne faut pas se dire ça, il faut garder confiance parce qu’on a tous un instinct de survie qui nous donne cette capacité d’adaptation à absolument toutes les situations. Donc il faut garder confiance, l’être humain est un être hyper solide !  

Pour plus d'informations pour mieux vivre en tant que patient, télécharge le Vik correspondant à ta maladie :

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